Persévérance scolaire des jeunes autochtones

Persévérance scolaire des jeunes autochtones et le FPSJA

Les chercheurs spécialisés en éducation au Québec conviennent que les projets d’accompagnement qui visent à favoriser la persévérance scolaire doivent se fonder sur certains éléments reconnus par la recherche afin de favoriser l’amélioration de la persévérance scolaire. Dans le cadre du FPSJA, les déterminants de la persévérance scolaire reconnus par des chercheurs que Réunir Réussir a mobilisés sur la question ont servi de référence à l’acceptation et à la gestion des projets financés.

Les déterminants de la persévérance scolaire sont nombreux. Toutefois, ceux que Réunir Réussir a retenus ont fait consensus auprès de chercheurs aux approches variées et complémentaires quant à leur importance comme cible de toute action visant à réduire le décrochage scolaire.

Le comité d’experts consultés a donc convenu de réduire la liste des déterminants à ceux qui ont fait l’objet d’une évaluation rigoureuse et qui montrent des effets mesurés plus importants sur le décrochage ou la persévérance scolaire. De plus, l’exercice de priorisation devait privilégier les déterminants modifiables par des actions de type sociocommunautaire déployées dans le cadre d’une mobilisation régionale et locale qui vient complémenter les actions de l’école.

Déterminants de la persévérance scolaire retenus par Réunir Réussir et le CTREQ dans le cadre du FPSJA (sans adaptation au contexte autochtone)

Comme l’éducation en contexte autochtone présente une réalité différente de celle en milieu allochtone, les déterminants de la persévérance scolaire que Réunir Réussir et le CTREQ ont retenus dans le cadre du FPSJA ne pouvaient convenir complètement à la réalité autochtone et tous en étaient bien conscients. Toutefois, l’utilisation de ces déterminants a permis de pallier l’absence de déterminants scolaires autochtones formellement reconnus par la communauté scientifique et de répondre aux exigences administratives du financement de Réunir Réussir.

Sous la responsabilité de la chercheuse Natasha Blanchet-Cohen de l’Université Concordia, l’évaluation des projets du FPSJA en cours permettra de dresser, dès la fin des travaux prévue à l’été 2015, une liste des facteurs propres à la réalité autochtone, qui devraient être considérés dans la réalisation de toute initiative visant la persévérance scolaire autochtone. La plupart de ces facteurs étroitement liés à la culture et aux réalités autochtones seront accessibles dans cette page.

Les connaissances scientifiques, empiriques et ancestrales autochtones disponibles nous permettent déjà de nous avancer quant à certains éléments à considérer quand on souhaite réaliser un projet qui favorise la persévérance scolaire autochtone dans son milieu.

Ainsi, selon certains chercheurs, les déterminants de Réunir Réussir présentés précédemment doivent être revus et adaptés sous l’angle autochtone avec comme ajouts :

Contexte autochtone au Québec

La population autochtone du Québec croît plus rapidement et son profil selon l’âge est nettement plus jeune que celui de la population en général. Entre 2001 et 2010, la population autochtone a augmenté de près de 15,7 % contre 6,9 % pour l’ensemble du Québec. En janvier 2011, on estimait que près de la moitié de la population autochtone du Québec avait moins de 30 ans.

En 2010, la population autochtone d’âge scolaire était estimée à 22 649 jeunes de 5 à 19 ans. Ce nombre représentait 1,7 % de la population d’âge scolaire de l’ensemble du Québec. Il faut cependant préciser que l’identification des élèves autochtones non conventionnés, inscrits dans le réseau scolaire québécois à tous les ordres d’enseignement, est difficile à déterminer. Les seules données fiables dont dispose le MELS concernent essentiellement les autochtones des territoires conventionnés (Cris, Inuits et Naskapis) qui fréquentent le préscolaire, le primaire et le secondaire (ministère de l’Éducation, du Loisir et du sport, février 2013).

En 2009-2010, la grande majorité des élèves identifiés comme autochtones fréquentaient une école située dans une communauté. Cette proportion était estimée à 95,2 % au préscolaire, à près de 90 % au primaire et à 81,1 % au secondaire, soit le taux le plus élevé au Canada.

En effet, le Québec diffère des autres provinces canadiennes en matière de répartition de sa population autochtone. C’est dans cette province qu’on retrouve le plus de membres des Premières Nations sur les territoires des communautés, les réserves (Richards, 2011). Certaines communautés des Premières Nations inscrivent leurs enfants dans des écoles du système public québécois (Sioui, 2013), soit par obligation, soit en raison de l’absence d’écoles dans leur communauté, soit encore par choix, comme le note la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse Québec (CDPDJ, 2009).

Bien que la plupart des jeunes autochtones débutent leur vie scolaire dans des écoles du milieu autochtone, plusieurs seront appelés à poursuivre leurs études secondaires et postsecondaires dans des établissements non autochtones. Les milieux autochtones et allochtones doivent donc collaborer pour assurer une transition académique et culturelle conforme aux besoins des jeunes autochtones.
Les élèves autochtones scolarisés en milieu scolaire québécois (hors réserve) sont plus nombreux à obtenir un diplôme de fin d’études si on les compare à la moyenne des élèves autochtones hors réserve au Canada. Toutefois, ce résultat est loin derrière celui de la Colombie-Britannique avec un écart de près de 50 % entre les deux (Richards, 2014). Or, selon un rapport concernant l’inclusion scolaire et la réussite chez les autochtones en particulier, présenté au Conseil supérieur de l’éducation du Québec, le curriculum et le régime pédagogique québécois « n’est pas toujours approprié à leurs besoins éducatifs, des adaptations doivent y être apportées » (CDPDJ, 2009, p. 19) et « la scolarisation de ces enfants pose de nombreux défis » (Ibid., p.20). Comme ce curriculum est toujours en vigueur, il y a lieu de penser que la situation prévaut encore aujourd’hui.

Bien que les résultats scolaires s’améliorent, il y a toujours d’importantes disparités entre le taux de réussite scolaire des autochtones et celui des allochtones. À cet égard, selon les données statistiques canadiennes de 2011, Richards (2014) notait que 58 % des jeunes autochtones de 20 à 24 ans n’avaient toujours pas de diplôme d’études secondaires.

Selon les experts préoccupés par la réussite et la persévérance scolaire des autochtones, il est essentiel de favoriser la mise en place d’une pédagogie adaptée à la réalité autochtone qui tient compte de la valorisation de la culture autochtone, pour favoriser non seulement le développement personnel et professionnel des autochtones, mais également le développement culturel, social et économique du Québec.